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01 Oct

Juillet 1961 : La « guerre de Bizerte » vu de Menzel Bourguiba

Publié par menzelbourguiba-ex-ferryville.over-blog.fr  - Catégories :  #Mémoire, mémoires, #Récits, ballades ...

 guerre-bizerte.jpg« Le bilan total des pertes ennemies n’a pus être établi avec exactitude car le croissant Rouge a été autorisé à enlever les cadavres tunisiens dès les premières heures du cessez-le-feu, intervenu le 25 Juillet à 8 heures ; on peut les évaluer cependant à environ 130 tués. De notre côté, nous avons eu à déplorer 3 tués et 7 blessés et avons fait 56 prisonniers ». C’est en ces termes, tirés d’un rapport confidentiel (voir plus bas), que l’Amiral Amman, en tant que Commandant Supérieur de la base Stratégique de BIZERTE, décrit, de son point de vue, le déroulement de la guerre de Bizerte. Ce rapport détaille quotidiennement et heure par heure la chronologie des évènements de cette guerre de juillet 1961, guerre qui a finalement aboutit à l’accord d’évacuation de Bizerte et de Menzel Bourguiba.

 

Je me permis ici d’apporter un petit témoignage personnel. Un souvenir parmi  tant d'autres  sur cette période et ces évènements. Des anecdotes aussi car dans ce drame qui se jouait sous nos yeux la vie  continuait  malgré tout.  Des souvenirs, même si parfois, 49 ans après, je me demande s'ils ont réellement eu lieu ou s'ils ne sont pas , parfois, le fruit de mon imagination. Je me souviens cependant parfaitement de ce 19 juillet 1961 à Menzel Bourguiba. J’avais assisté comme d’autres copains de mon âge (nous avions alors entre 14 – 17 ans) à un meeting appelé par les responsables politiques de la ville, meeting qui avait lieu à la salle des fêtes. Pour nous il s’agissait surtout d’un moment d’excitation, presque un jeu. Même si nous sentions bien sinon la gravité du moins l’intensité et la fébrilité du moment. D’autant que dès l’après-midi nous assistions déjà à des tirs des militaires tunisiens contre un hélicoptère juste au dessus de la place de la statut de Bourguiba. Donc après les discours des uns et des autres, un appel fut lancé pour rejoindre, en cortège, la porte de Bizerte de l’arsenal. Arrivé là, nous étions plusieurs centaines hommes, femmes et jeunes. Après avoir scandé des slogans demandant l’évacuation (plus exactement le slogan était « El Jala, esslah » « évacuation, des armes ») la plupart des participants avions été répartis, par des militaires tunisiens qui avaient échafaudé un barrage, dans les tranchées derrière des sacs de sable ou encore dans les fossés qui longent la route jusqu’au stade de la Marine. Et je me souviendrai toujours de ces dizaines (peut-être des centaines) de « volontaires », coiffés des chapeaux de paille traditionnels tunisiens, l’air plutôt hagards, visiblement harassés, assis là, assis partout où ils pouvaient, sans armes, ou armés seulement de leur conviction d’être là où il faut au moment où il faut (ici). Mais avaient-ils seulement conscience que la guerre était proche, très proche même, et qu’ils allaient en payer, eux surtout, le prix le plus lourd ? C’est là que, le soir tombé, avec un ami, Brahim « Chaneb » (malheureusement disparu quelques années plus tard dans des circonstances sans aucun rapport avec ces évènements), un gendarme tunisien nous interpelle pour nous demander ce que (à notre âge, avait-il dû penser) nous faisions là en nous intimant l’ordre de quitter les lieux immédiatement et de rentrer chez nous car les « choses » allaient s’aggraver nous disait-il. Sans aucune hésitation nous avons suivi son conseil et nous empruntâmes la route des caroubiers qui longe le stade de la Marine, le Marabout et enfin le cercle des officiers, en rasant les murs, car nous commencions à entendre, au dessus de nos têtes et de la zone de la Porte de Bizerte, le vrombissement des avions. C’est au moment où nous arrivions à hauteur de la rue Mirabeau, juste en face du bâtiment de l’ancienne « Moôtamdia », que les bruits assourdissants des bombardements se mirent à sonner à nos oreilles. Il n’en fallait pas plus pour prendre nos jambes à notre cou et rentrer rapidement chez nous. Et c’est ainsi que la guerre de Bizerte avait commencé. Pour nous du moins.

 

La « guerre de Bizerte » commence donc ce 19 juillet et elle prendra fin le 23. Bilan des pertes : côté tunisien : 632 tués, dont 330 civils (pour Menzel le rapport avance le chiffre de 130 tués mais laisse penser que ce bilan est sous-estimé) et environ 1.500 blessés (D’autres sources avancent différents bilans : On parle pour certains de 632 tués, 1155 blessés et 640 disparus ou prisonniers, d’autres avancent le chiffre de 1300 tués, voire même plus de 5.000 morts selon un rapport du croissant rouge tunisien) ; côté français, 27 militaires tués et une centaine de blessés. Un cessez le feu va être discuté et entrera en vigueur le 23 juillet 1961. Pour autant au cours du mois d’août et septembre la tension reste vive (manifestations à Bizerte et Menzel (le 18 août), nombreuses désertions parmi les légionnaires (on parle de 70 déserteurs) …etc). Du 17 au 29 septembre des négociations vont enfin s’ouvrir pour aboutir à un calendrier de retrait et de retour à la situation d’avant juillet, calendrier qui sera officialisé le 29 septembre 1961. Enfin le 10 octobre le retrait commence.

 

Après les armes place à la politique ou plutôt à la diplomatie. Car la politique n’a jamais été absente durant tous les évènements. Finalement des négociations politiques auront lieu qui aboutiront au processus d’évacuation des dernières bases militaires françaises en Tunisie : En janvier 1962 l’armée de l’air française cédait les installations de la base de Sidi Ahmed ainsi que la Base aéronavale de la Karouba. Enfin le 1er juillet 1962, ce fut au tour de l’arsenal de Menzel Bourguiba d’être, à son tour, évacué. L’évacuation totale de zone de Bizerte eut lieu le 15 octobre 1963.

 

Entre temps s’il y a eu les victimes directes des armes avec son lot de morts, de blessés, de mutilés, de prisonniers, de quartiers bombardés, de maisons détruites, …etc, il y a eu aussi ceux et celles, Ferryvillois devenus Menzéliens,  qui se sont retrouvés, du jour au lendemein, sans emploi ; ou encore ceux, notamment parmi les européens, qui ont été rapatriés, par la marine, vers la France dès le début du conflit. La plupart sont partis, dans la précipitation, en laissant l’essentiel de leurs biens. On parle de 8.000 personnes (hommes, femmes et enfants) qui seraient parties en juillet 1961. Quelques uns sont restés à Menzel. Nous savons, nous qui les avons cotoyé, avec lesquels nous avons partagé nos jeux d’adolescents, avons fréquenté les mêmes cours d’école, nous savons qu’ils ont laissé, derrière eux, beaucoup plus que des biens matériels. Et même si nous ne les avions pas côtoyé de si prés il n’est pas très difficile de comprendre ce qu’ils ont pu ressentir. Car c’est toute une partie de leur vie et de leur mémoire qu’ils ont laissé. Une part d’eux-mêmes. C’est du domaine de l’affectif et rien ni personne ne peut le leur enlever. Pas plus à eux qu’à tous ces volontaires tunisiens qui étaient venus se battre pour libérer leur pays.

 

Voilà pour ce qui concerne les aspects militaro-stratégiques, mais aussi humains, par certains aspects, de la guerre de Bizerte. On sait cependant que cette guerre et les raisons profondes qui sont à l’origine de son déclenchement obligent à de nombreux questionnements et interrogations. Et, surtout, ne pas se laisser enfermer dans les  thèses et les explications officielles, d'un côté comme de l'autre. Questionnements que ne se privent pas de poser de plus en plus d’historiens et d’intellectuels tunisiens. Non pas sur la légitimité de la revendication tunisienne en matière de souveraineté et de la nécessaire évacuation, par l’armée française, de Bizerte et Menzel Bourguiba. Le questionnement à lieu plutôt au sujet de la manière dont à été décidée, menée et gérée cette guerre, dans les agendas réels des uns et des autres, des motivations réelles …etc. Ces questionnements sont d’autant plus légitimes au regard des drames humains que cette guerre a engendré et plus particulièrement au vu du nombre de victimes (militaires et surtout civiles) et le respect qui est due à leur mémoire et leurs familles. 

 

Le texte qui suit est une copie partielle du rapport confidentiel de l’Amiral Amman. Vous pourrez lire l’intégralité (ici). Il y décrit dans le détail le déroulement des évènements avant et pendant la guerre de Bizerte. Certes il les décrit de son point de vue, en tant qu’officier supérieur de l’armée française à Bizerte. Il ne peut donc pas être tout à fait neutre et « objectif ». Il faut seulement avoir la patience de le lire car il fournit, grâce à ces détails, des informations forts précieuses, utiles et intéressantes pour les historiens certes, mais aussi pour nous tous qui avons vécu (ou subit), directement ou indirectement, ces évènements et cette guerre. J’ai mis en gras tous les passages dans lesquels figure Menzel Bourguiba (voir le chapitre D « Attaque et Dégagement de la Zone A (Sidi-Abdallah) »). J’ai néanmoins gardé quelques passages du texte (trop volumuneux pour le blog) tel que je l’ai trouvé sur le Web (y compris avec ses fautes de frappe et ses pointillés).

 

Alors bonne lecture à toutes et tous. Et si certains le souhaitent ils peuvent apporter leur propres témoignages, éclairages et récits. Ce qui, à coup sûr, donnera un peu d’humanité dans un monde de brutes.

 

M.D.

 

 


 

  (Extraits)

 

Rapport confidentiel de l'Amiral Amman

 

COMPTE RENDU

DES EVENEMENTS SURVENUS A BIZERTE

DE JUIN A OCTOBRE 1961

 

BIZERTE le 20 Novembre 1961

Le Vice- Amiral d’Escadre AMMAN

Commandant Supérieur de la base Stratégique de BIZERTE

 

DESTINATAIRES :

E.N.C./D.N. (2)

E.N.I.A.       (2)

E.M.A.         (2)

E.M.G./M.   (2)

E.M.A.A.     (2)

 

 

COPIES :

Archives (10)

 

SOMMAIRE

 

CHAPITRE A : Aperçu  de la situation

I-    Description de la base Stratégique,

II-    Ordre de bataille et plan de défense français

III-    Ordre de bataille et possibilité d’action adverses

IV-    Facteurs favorables et défavorables

            CHAPITRE B : Chronologie des principaux évènements survenus entre le mois de Juin 1961 et le 19 Juillet

            CHAPITRE C : La journée du 19 Juillet

            CHAPITRE D : L’attaque et le dégagement des enceintes militaires au cours de la journée du 20 Juillet.

I-    Attaque et dégagement de la Zone A

II-    Attaque et dégagement de la Zone B

       CHAPITRE E : Le dégagement du Goulet

I-    Les préliminaires

II-    Les opération militaires au cours de la journée du 21 Juillet

       CHAPITRE F : L’élargissement du périmètre contrôlé par mes forces au cours de la journée du 28 Juillet et le cessez-le-feu

       CHAPITRE G : Epilogue – Du cessez-le-feu au retour dans les enceintes de 10 Octobre

 

 

L’ORDRE DE BATAILLE ET POSSIBILITES D’ACTION ADVERSES A LA VEILLE DE L’OUVERTURE DES HOSTILITES

 

1- L’armée tunisienne dispose des forces suivantes :

- 12 Bataillons d’infanterie (dont 3 sont au Congo) sensiblement organisés sur le type inf. 107.

- 1 Groupe d’artillerie à 950 hommes possédant 12 105 HM2, 4 105 LFH, 16 pièces de 17 livres anti-chars.

- 1 Groupe de transport du train et 1 bataillon de transmissions.

- 1 Escadron mixte d’ABC à 450 hommes armant 5 chars M24, 5 obusiers M8, 14 AFI et 22 half-tracks.

- Des éléments de service, d’une façon générale peu efficaces et manquant de moyens.

 

2- La marine et l’année de l’air tunisienne sont en cours de création, elle n’ont pour l’instant qu’une valeur symbolique.

 

3- Le haut commandement de l’année tunisienne composé de vieux officiers n’ayant eu qu’une formation militaire sommaire n’est pas à la hauteur de sa tâche. L’état -Major, par contre, dispose de quelques officiers de réelle valeur, mais cependant incapables d’imposer leur point de vue aussi bien au commandant en chef qu’au secrétaire d’état à la défense Nationale. De plus, ils n’ont aucune expérience pratique du combat.

Les différentes formations sont presque toujours très nettement sous encadrées en officiers et en sous-officiers, dépassés par les tâches administratives qui leur incombent, les jeunes officiers n’ont pas le temps matériel de se consacrer à l’instruction de la troupe. Celle-ci est confiée aux sous-officiers.

 

4- La troupe est composée pour la plus grande part d’appelés et pour le reliquat d’engagés et de rengagés. En raison de son recrutement à base de fellahs, elle n’a que peu de valeur, car son ancienneté en service n’est pas assez grande et son instruction est mal faite. La troupe a cependant les qualités de rusticité foncière du Tunisien.

 

5- Le matériel est abondant et de bonne qualité. L’armement est d’origine française, anglaise, américaine et yougoslave. Les munitions sont largement approvisionnées. Le matériel de transmissions est moderne et de très bonne qualité. Le matériel auto est lui aussi de fabrication récente et provient des livraisons américaines et d’achats effectués en Allemagne et en France. Par contre le service du matériel est largement débordé par l’entretien et la réparation. Dans les corps eux-mêmes l’entretien du matériel laisse généralement à désirer par suite du manque de surveillance et de l’absence de personnel qualifié.

 

6- Le 18 Juillet, d’après les informations en notre possession, l’ordre de bataille des forces tunisiennes dans la zone de BIZERTE est le suivant :

 

* à BIZERTE et aux alentours immédiats de la base :

- Le 5° bataillon d’infanterie (moins 2 compagnies)

- La B.C.S et une batterie du Groupe d’artillerie

- 3 compagnies de marches venues de TUNIS

- 1 compagnie du 7ème bataillon.

 

* à MENZEL BOURGUIBA:

- 1 compagnie du 5ème bataillon

- 1 compagnie du 7ème bataillon

 

* à MENZEL DJEMIL :

- 1 compagnie du 5ème bataillon

- 2 compagnies dmu marche.

 

* à MEDJEZ EL BAB (à 2 heures de BIZERTE)

- le 6° bataillon d’infanterie renforcé d’éléments du 3° bataillon.

- Le 7° bataillon (moins 2 compagnies)

- 3 batteries du groupe d’artillerie

- 1 bataillon de réserve en cours de formation.

 

7- Par ailleurs ont été progressivement acheminés vers BIZERTE ou MENZEL BOURGUIBA au cours des jours précédents, environ :

- 6.000 volontaires appartenant au Jeunesses Destouriennes sur les quels 1.000 ont reçu des armes. Ces « civils militarisés » viennent de toutes les régions de la Tunisie, « chauffés à blanc » en vue de chasser les Français de BIZERTE.

- 200 gardes nationaux, pour la plupart anciens fellagahs, susceptibles de constituer des commandos de choc.

 

8- Dès le 6 Juillet des chômeurs des chantiers de travail ont commencé à creuser des tranchées à proximité des installations militaires française de la base particulièrement aux alentours du terrain d’aviation de SIDI AHMED et du parking de l’oued Merazig. Plusieurs centaines de travailleurs participant à ces travaux. A partir du 15 Juillet de nouveaux chantiers s’ouvrent où ultérieurement des barrages seront mis en place, des tranchées sont creusées et des épaulements d’arme automatiques aménagés.

 

(…)

 

d) D’ordre psychologique :

- présence de nombreuses familles en territoire Tunisien, en particulier à BIZERTE et Sidi Abdallah.

- Incertitude des intentions adverses à leur égard. Inquiétude sur les risques courus en cas de combat.

 

(…)

 

- 3 Juillet : le secrétaire d’état à la défense visite BIZERTE et MENZEL BOURGUIBA accompagné d’une nombreuse suite ; il se rend dans les casernes ; va examiner le « mur » construit dans l’axe de la piste ; se fait applaudir par les militants du « Destour » qui scandent : « évacuation des armes ».

 

(…)

 

LA JOURNEE DU 19 JUILLET

 

1- Le sursis qu’avait bien voulu nous accorder le président BOURGUIBA expirant à 00h. 00, il était à prévoir qu’à partir de cet instant les dispositions commenceraient à être prises par les autorités tunisiennes pour asphyxier progressivement la base.

 

2- En fait, dès le début de la nuit, les Tunisiens déploient une activité fébrile pour achever les barrages et mettre en place les postes de contrôle destinés à interdire toute circulation entre les enceintes militaires.

Au jour, des camions apportent des blocs de pierre pour élever des barrages, d’un mètre cinquante de hauteur sur un de largeur, principalement à MENZEL ABDERRAHMANE, au carrefour du R’HEL, à ZARZOUNA, à la porte de MATEUR, sur la route côtière à hauteur du Cap BIZERTE et autour de SIDI ABDALLAH.

Ces barrages sont prolongés par des tranchées creusées sur les bas-côtés des routes et sont tenus par des groupes de 20 à 50 hommes armés (policiers, Gardes Nationaux, soldats réguliers, « volontaires » civils)

 

3- Au cours de la nuit, huit véhicules militaires français sont saisis aux postes ou aux barrages, tandis que les personnels qui étaient à bord sont emprisonnés ; une ambulance transportant deux malades graves de SIDI AHMED à l’Hôpital de SIDI ABDALLAH est refoulée. En fin de matinée, 30 militaires des 3 armes et 22 civils appartenant au personnel des forces armées auront été emprisonnés pour être internés ensuite au camp de Sousse.

 

Les employés civils sont empêchés de se rendre à leur travail sur les installations de la zone Nord ; les ouvriers de l’arsenal de SIDI ABDALLAH peuvent seuls passer librement.

 

(…)

 

 CHAPITRE D

I-    Attaque et Dégagement de la Zone A (SIDI ABDALLAH) 

 

1-    Dans la journée du 19 Juillet, à SIDI ABDALLAH, les Tunisiens ont achevé de mettre en place une série de barrages : autour de la porte de BIZERTE de l’Arsenal, de l’hôpital et des voies d’accès à la colline de SIDI YAYA. Des éléments paramilitaires se sont assemblés, un peut partout à proximité immédiate de nos enceintes.

En fait, à la nuit, l’ilôt Marine » de SIDI ABDALLAH, qui constitue la zone A ou Sud de la base, est scindée en 4 tronçons entre lesquels la circulation est pratiquement interdite :

-    L’Arsenal proprement dit

-    Le dépôt

-    L’ensemble hôpital – colline de SIDI YAYA

-    La pyrotechnie.

 

2-    Pour réaliser cette opération, ……………..ont profité du « droit de passage » qui leur était reconnu depuis de nombreuses années sur la route nous appartenant, qui traverse l’ensemble de l’ilôt Marine en passant devant la pyrotechnie, le dépôt et l’enceinte de l’Arsenal.

Il aurait été facile quand les premiers barrages ont été mis en place sur cette route de « couper l’herbe sous le pred » aux Tunisiens en bloquant les différentes issues de l’ilôt marine mais cet « acte de force » à un moment particulièrement inopportun. Le commandement Supérieur de la base a donc pris le risque de « laisser faire ».

 

3-    Quand la nuit arrive, la situation est donc sérieuse, d’autant plus que les effectifs, dispersés sur plus de 3kms, dont le contre Amiral PICARD –DESTELAN dispose sont très légers et, pour la plupart, de valeur militaire modeste.

La nouvelle de l’arrivée en fin d’après midi du 2ème R.P.I.Ma à SIDI AHMED, et la réaction de nos forces en face de l’agression tunisienne ont eu heureusement les meilleurs effets sur le moral des personnels, mais chacun se rend compte que l’ennemi ne vas pas tarder à attaquer.

 

4-    Effectivement, vers 18 heures 30 un hélicoptère qui transportait des …………………..SIDI AHMED à l’Hôpital de SIDI ABDALLAH est pris à partie ; enfin ………………………………la porte de « BIZERTE » est attaquée à coups de pierres, de ………………………………..de charges explosives par 300 à 400 personnes ; quelques rafales ……………les dispersent.

Simultanément, au Nord-Ouest de la Pyrotechnie, au lieu dit « GUENGLA » et vers la porte de « TUNIS » de l’Arsenal, des coups de feu d’armes individuelles, et des rafales d’armes automatiques sont échangés entre les Tunisiens et des éléments de la 12° Compagnie du 8ème R.I.A.

Le commandant Supérieur prévenu, donne aussitôt « liberté de manœuvre » au commandant de la zone A pour « faire sauter », par quelque moyen que ce soit, les barrages situés à l’intérieur de l’ilôt marine : la provocation tunisienne étant dûment établie ; dans le même temps, il ordonne à « l’EFFRONTE » amarré à S’RIRA, d’appareiller, dans les meilleurs délais, pour SIDI ABDALLAH où il arrive à 2h.15

 

5-    A 04h.30, la fusillade, qui avait cessé, reprend et se généralise dans toute la zone ; elle est particulièrement dense autour de l’Arsenal.

L’effort principal adverse se situe autour de la porte de « BIZERTE », tenue par une section de la direction du Port, renforcée d’une Section de la 12ème Compagnie du 8ème R.I.A. et autour de la porte de « TUNIS ».

Par le feu d’armes automatiques et celui d’au moins un bazooka, les Tunisiens cherchent à démolir méthodiquement les panneaux métalliques de la porte de « BIZERTE ». La menace d’une intrusion en masse dans l’arsenal d’une foule fanatisée se précise. L’Amiral PICARD-DESTELAN rameute tous les éléments dont il dispose pour s’y opposer, et demande au commandant Supérieur de concours, sinon le secours, de l’aviation, pour redresser une situation apparemment critique.

 

6-    Le concours est immédiatement accordé : entre 5h.30 et 5h.50, la désorganisation des barrages tunisiens est effectuée à coups de roquettes et de tirs de mitrailleuses par 2 corsairs de la 17F quidés par un L.19.

La précision du tir est extrême : les maisons d’habitation situées à proximité des barrages du dépôt ne sont pas touchées.

Dans le même temps, le commandant Supérieur décide de distraire, au profit de la zone Sud, une des compagnies du 2ème R.P.I.Ma prévu pour attaquer, sur la rive Sud du Goulet, la ferme DOMANGE. Celle-ci embarque, en baie Ponty, sur l’E.D.I.C. 9096 qui appareille à 06h.30

 

7-    L’Amiral PICARD –DESTELAN donne alors à tous les éléments susceptibles d’intervenir contre les barricades sur la route reliant la porte de « BIZERTE », la Gendarmerie, SIDI YAYA et les bois avoisinants, l’ordre d’exploiter le succès des Corsairs.

Cette action est en cours, quant à 07h.15 débarque la « Compagnie Bleu » du 2ème R.P.I.Ma mise à sa disposition. Celle-ci reçoit pour mission :

-    dans un premier temps, de dégager complètement les abords de la porte de « BIZERTE » où l’ennemi s’est retranché.

-    Ensuite, d’explorer rapidement le terrain en direction du Nord-Ouest et de joindre la Pyrotechnie toujours isolée.

-    Enfin, de nettoyer les ilôts de résistance dans les zones boisées.

 

8-    A 09h.45, la liaison est rétablie avec la Pyrotechnie.

-    Entre 10 et 12 heures, la partie Nord du littoral est nettoyée

-    En fin d’après-midi, le …………….en direction du Nord-Ouest, de la bande de terrain comprise …………le mur Nord de l’Arsenal et la Lac de BIZERTE, est terminé

-    A 19h.15, l’intervention de ………..qui mitraillent des emplacements d’armes lourdes …………….de la porte de « TUNIS », met fin aux principaux combats

 

9-    Les journées des 21 et22 Juillet seront consacrées à consolider les positions acquises, à rétablir le périmètre français de l’ « Ilôt Marine » en réunissant, dans une même enceinte de barbelés, des installations jusque là séparées et à mettre au point un nouveau dispositif de défense.

De nombreux tirs de harcèlement auront encore lieu au cours de chaque nuit, ainsi qu’une tentative infructueuse d’incendie d’un réservoir de combustible, au parc de BIR TACHOUN.

 

10-    Le bilan total des pertes ennemies n’a pus être établi avec exactitude car le croissant Rouge a été autorisé à enlever le cadavres tunisiens dès les premières heures du cessez-le-feu, intervenu le 25 Juillet à 8 heures ; on peut les évaluer cependant à environ 130 tués.

De notre côté, nous avons eu à déplorer 3 tués et 7 blessés et avons fait 56 prisonniers.

 

 

 

CHAPITRE F

L’élargissement du périmètre contrôlé

par nos forces au cours de la journée du 22 Juillet

et le cessez-le-feu

 

(…)

 

4-    Le 3ème R.E.I qui la veille a relevé les éléments du 3ème R.P.I.Ma occupant des positions défensives autour de la base, a reçu mission d’éérer largement le dispositif par des reconnaissances défensives à l’Ouest, au Sudet à l’Est.

-    A 05H.30, le groupement tactique n°2 du 3ème R.E.I. débarque à la baie des carrières et commence la fouille de la partie Ouest de la presqu’île de MENZEL DJEMIL. A 09H.00 la jonction est faire avec la 4ème Compagnie du 2ème R.P.I.Ma qui occupe ZARZOUNA des accrochages multiples ont lieu les Tunisiens se replient, ils seront poursuivis jusqu’au Sudd’EL AZID.

-    A 19H.00 la presqu’île « utile » peut être considérée comme nettoyée.

-    Dans le même temps le groupement tactique n°1 « reconnaît » la zone située dans le Nord Ouest de SIDI AHMED : il dégage l’installation de pompage de MERAZIG, installe un bouchon à SIDI BOU HATID, avance le long de la route de MATEUR.

-    Vers le sud, en direction de MENZEL BOURGUIBA, il reconnaît les douars MANCHARA et AIN EL FARAOUA, occupe la ligne de crête autour de BENI OUSSEL puis la cote 78 du DJEBEL TINDJA.

-    Quand la nuit arrive le contact n’a pu encore être pris avec la zone A : la seule route praticable traverse en effet les faubourgs des agglomérations de TINDJA et de MENZEL BOURGUIBA qui paraissent encore tenus par les troupes tunisienne. La prise et l’occupation de ces deux agglomérations très peuplées posent un problème politique et un problème militaire.

 

(…)

 

-    17 Août : Le Gouverneur confirme à 11H.00 à notre Consul que des manifestations susceptibles d’être violentes étaient possibles à partir du 18 à BIZERTE et MENZEL BOURGUIBA.

Pour parer à toute éventualité, un régiment para est mis en France en alerte à 12 Heures, un Porte-Avions à 6 Heures.

L’Amiral notifie par écrit au Gouverneur« qu’il n’admettra aucune manifestation aux issues de la Médina de BIZERTE, dans les quartiers que nous contrôlons, ainsi d’une manière générale qu’à proximité des périmètres tenus par nos troupes, en particulier à LA PECHERIE et à MENZEL BOURGUIBA ».

A partir de 18 Heures, tous les personnels sont consignés à la base mise en état d’alerte.

-    18 Août : le Général PUGET, chef d’Etat Major Général de la Défense Nationale p.i. passe la journée à BIZERTE.

Celle-ci se déroule sans incident, mais en fin d’après midi :

-    à MENZEL BOURGUIBA, une première manifestation, apparemment ordonnée, groupant environ 600 personnes, a lieu à bonne distance de nos enceintes : nous n’intervenons évidemment pas.

 

(…)

 

Lire le texte intégral

http://www.bourguiba.net/index.php/articles/34-tunisie-france-algerie/58-rapport-de-lamiral-amman

 

 

Voir la vidéo de la TSR

http://archives.tsr.ch/player/personnalite-bourguiba

 

 

Voir d’autres sources d’informations sur la guerre de Bizerte

 

http://samibenabdallah.rsfblog.org/archive/2009/08/04/bizerte-1961-le-carnage-la-boucherie.html

 

http://fr.wikipedia.org/wiki/Crise_de_Bizerte

 

http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMEve?codePays=JPN&codeEve=948&grandesRegions=100&slide=2000&codeStat2=x&mode=carte&langue=fr&afficheNom=aucun

 

http://www.cairn.info/revue-guerres-mondiales-et-conflits-contemporains-2004-1-page-39.htm

 

http://www.commandoguillaume.com/html/medias//pdf/resume_de_la_bataille.pdf

 

http://www.lazharchraiti.org/lazhar61.htm

 

http://www.tunecity.net/fr_art_les_trois_decennies_bourguiba=316.html

Commenter cet article
L
<br /> EVENEMENTS DE BIZERTE VUS PAR UNE ADOLESCENTE DE 14 ANS<br /> <br /> <br /> Depuis le début juillet l961 , la ville grondait, la France et la Tunisie s'affrontaient .<br /> <br /> Leurs Président De Gaulle et Bourguiba n'arrivaient pas à se mettre d'accord sur un conflit qui les opposait. La répartition des richesses du Sahara était semblait-il l'élément déclencheur - avec<br /> en toile de fond les beaux yeux de Bizerte - Mais je laisse le soin aux historiens d'éclaircir ce point parmi tant d'autres ..<br /> <br /> Les familles de militaires et ouvriers de l'arsenal Français commençaient à être évacuées . Il ne restait dans la ville qu'un petit groupe de commerçants, d'agriculteurs , d'ouvriers civils de<br /> nationalités différentes :.la plupart étaient des Italiens, des juifs (Tunisiens) et des enfants français par le jeu des décrets .<br /> <br /> Nous avions 14 ans et sans vraiment comprendre , nous savions qu'une partie de l'histoire de notre pays était en train de se jouer. La ville de Menzel-Bourguiba était en effervescence , on<br /> entendait le vombrissement d'avions de l'armée Française qui repéraient des points stratégiques pour installer leur artillerie. -<br /> <br /> L'aspect de la ville avait changé, on ne voyait plus nos "joyeux petits marins" mais des "hommes en treillis" dont la seule gloire était d'avoir 20 ans .<br /> .<br /> <br /> Des rumeurs circulaient : des militaires Tunisiens du sud du pays devaient arriver pour prendre part au conflit , une armée de métier ;-les escarmouches se multipliaient entre manifestants désarmés<br /> et parachutistes Français qui patrouillaient dans la ville .<br /> <br /> Le l9 juillet l961 , après des jets de pierres de la part des manifestants tunisiens (geste symbolique mais non dénué de sens ) et tir pour la première fois de l'artillerie lourde Tunisienne sur<br /> sidi Ahmed , l'armée Française ripostait en tirant sur Bizerte -<br /> <br /> <br /> Sur la petite place de la rue de la République nous étions quelques habitants avec les djerbiens, le café des bretons, le café maure et la Maison Raïs à voir passer des camions avec des jeunes<br /> militaires Tunisiens se dirigeant vers l'arsenal et l'hôpital en scandant des slogans .<br /> <br /> Des fenêtres fermées - nous entendions les bruits de plasticage - les cris des jeunes manifestants , un grand mouvement populaire , dépassant les espoirs de ceux qui l'avaient fait naître .<br /> <br /> Le couvre-feu avait été décrété - les ouvriers boulangers dormaient dans leur fournil , pour assurer la fournée du lendemain , certains même avec leur famille pour plus de sécurité.<br /> <br /> quelques jours après le cessez-le feu , on avait des visions d'horreur, les mêmes camions passaient avec des cadavres entassés , en se dirigeant vers le stade, les ambulances du Croissant Rouge<br /> transportaient des bléssés , les sirènes hurlaient ...........<br /> <br /> On se signait devant tant de détresse humaine . On n'avait pas de connaissance des pertes de l'armée Française - des sacrifiés de l'histoire!<br /> <br /> Des jeunes Tunisiens, coiffés de chapeau de paille, avaient été réquisitionnés pour tenir des barrages et effectuer des contrôles d'identité aux abords de la ville .<br /> <br /> J'ai le souvenir d'un jeune guenglassien qui en poste à un barrage avait dû contrôler l'identité d'une de ses anciennes institutrices et pris de malaise (car pour lui c'était un sacrilège ) n'avait<br /> pu le faire et s'était confondu en excuses .<br /> N'en déplaise aux faiseurs d'histoires , nous appartenions à une communauté d'êtres ou chacun acceptait la différence de l'autre .A aucun moment nous avons eu à souffrir de l'hostilité des<br /> habitants - Ils agissaient et réalisaient leur devoir dans l'intimité de leur conscience .......... chacun était l'autre et son contraire .<br /> <br /> Les jours se succédèrent sans trop d'équivoque entres les communautés . Nous arrivaient par les ondes des informations concernant la guerre d'Algérie pas trop rassurantes, nous entendions parler<br /> d'ONU , du putsch d'Alger , ........ on se disait pour se rassurer que la Tunisie n'était pas l'Algérie ........<br /> <br /> L'été se passa, le climat restait préoccupant , la plage Rondeau n'avait pas retrouvé son ambiance festive et à Guengla plus de "bombes atomiques" entre danseurs .<br /> <br /> Les parents s'inquiétaient pour l'avenir de leurs enfants , la rentrée des classes approchait . D'autres familles d'ouvriers de l'arsenal quittaient le pays en amenant juste le nécessaire pour<br /> survivre , certain avec l'espoir de retour .<br /> <br /> Notre vocabulaire commençait à s'enrichir on entendant parler de "Ports d'attache" Angoulème, Brest, Cherbourg, Toulon , pour certains commerçants de l'avenue de France PARIS - ville qui nous<br /> faisait rêver ........... alors la lourde plaisanterie fusait Monte là dessus, tu verras Montmartre en ricanant de plus belle . .-<br /> <br /> Les évènements ne nous préoccupaient pas trop , c'était les départs qui nous interpellaient .<br /> <br /> Je repris le chemin de" l'école sainte Agnes" devenue depuis "les babas satte" nous n'étions pas nombreuses mais plus de participation de jeunes filles Tunisiennes .<br /> <br /> Les cours s'étaient diversifiés , moins d'enseignement religieux , des cours de couture - enseignement que j'abhorrais et qui me le rendait bien .<br /> J'intégrais une 4 ème moderne , sans trop de conviction.<br /> <br /> Les écoles publiques et lycées avaient aussi repris leurs cours les enseignants avaient changé pour la plupart , les classes étaient moins remplies , on était comme amputés d'une partie de nous<br /> mêmes.<br /> <br /> De nouvelles familles arrivèrent du sahel pour peupler la ville engourdie . Le gouvernement voulait dynamiser la ville ; ces gens arrivaient avec d'autres usages ,quelques lacunes en français mais<br /> une bonne connaisse de la langue arabe" moderne" écrite et parlée - . Il fallait s'adapter aux nouveaux programmes .<br /> <br /> L'année l962 avait été une année transitoire pour évacuer la base de Menzel-Bourguiba vers Bizerte . Beaucoup de travailleurs tunisiens de l'arsenal n'avaient plus d'emplois et attendaient un<br /> reclassement hypothétique. L'ambiance n'était pas au beau fixe , mais les jeunes Tunisiens restaient confiants en leur avenir .<br /> <br /> Entre temps ,tout s'organisait en direction de Bizerte pour entamer une autre année scolaire et évacuer la base dans le calme et le respect de l'autre .<br /> <br /> c'est ainsi que le vent de l'histoire nous fit pour certains nous retrouver dans la belle ville d'Oran en Algérie pour aussi évacuer la base de Mers el Kébir .<br /> <br /> Certains resteront , refusant de partir et les noms qui me viennent à l'esprit sont Monsieur Rondeau, Monsieur et Madame Orain, Monsieur Vincent Randazzo , Monsieur Roubeau qui choisirent de mourir<br /> dans la ville qui les a vu naître .<br /> <br /> Qu'il me soit loué de remercier la gentillesse des habitants à leur égard et à titre particulier et personnel les anciens ouvriers de la boulangerie qui n'ont pas quitté Monsieur Vincent Randazzo,<br /> malgré son caractère ombrageux, jusqu'à la fin de ses jours .<br /> <br /> Ce récit n'a rien d'historique , il fait appel à des souvenirs certes partiels et imparfaits d'une enfant de l4 ans , il n'engage que moi , et n'ose prétendre remettre en cause le vécu d'autres<br /> témoignages .<br /> <br /> <br />
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Garder vive la mémoire d'une ville (Menzel Bourguiba ex-Ferryville) et de ses habitants