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17 Mar

Ferryville, le 5 avril 1908 : Et le premier carnaval eut lieu !

Publié par menzelbourguiba-ex-ferryville.over-blog.fr  - Catégories :  #Mémoire, mémoires

AFN-ok.JPGLa fête, il fut un temps où Ferryville savait la faire. Quelques années à peine après la naissance de la ville les habitants ont cherché à marquer leur volonté de vivre ensemble et la fête a toujours été au cœur de leurs préoccupations. Chacun se souvient par exemple des bals de la plage Rondeau ou Guengla dans les années cinquante et soixante. Personne n’a également oublié les fameuses kermesses annuelles. Il y avait celles de l’école des sœurs et celle du stade des apprentis. Les ferryviloi-ses avaient l’embarra du choix. Sans parler des commémorations traditionnelles avec la retraite aux flambeaux … Il y avait aussi le carnaval qui avait lieu traditionnellement le 14 juillet.
Comme l’écrit très justement Christian Jung dans l’excellent site qu’il anime « Les occasions pour fêter ne manquaient pas aux ferryvillois, avant la 2ème guerre mondiale le carnaval était fêté en grand, avec des chars allégoriques qui pouvaient à l'époque faire l'envie des niçois. Après la guerre cet événement a été abandonné mais les bals masqués et costumés restaient au cercle naval et au cercle des officiers mariniers. La kermesse de l'école des frères attirait beaucoup de monde, mais la kermesse des apprentis restait l'événement de l'année à la mi-juillet pendant 2 jours. Le défilé du 14 juillet attirait lui aussi une foule importante sur l'avenue de France »(ici).

 

L’histoire du carnaval remonte assez loin puisque le premier du genre avait eu lieu le 5 avril 1908 à Ferryville. C’était l’époque où W. Rondeau était alors le vice-président de la Commission municipale. Il faisait office de maire de la ville mais comme Ferryville n’avais pas encore à cette époque le statut de commune on disait alors commission municipale. D’ailleurs le siège de cette commission municipale se trouvait, avant que ne soit construite la mairie que nous connaissons, au milieu de la rue de Corse (actuelle rue d’Algérie), juste en face du marché. Le bâtiment existe toujours.

Pour revenir à ce premier carnaval où comme on disait alors à cette « cavalcade » il y avait également M. Ottavy délégué à la Chambre de Commerce et qui deviendra le maire de Ferryville en 1921(ici) et qui fera le mandat le plus long puisqu’il durera jusqu’en 1946. Il y avait également à cette cavalcade des invités de marque comme le vice-président de la commission municipale de Bizerte et même le Contrôleur civil de Bizerte (le contrôleur civil était représentant le résident général, une sorte de préfet) ainsi que l’amiral Baëhme commandant la division navale de Tunisie. Il y avait même le correspondant du quotidien « La Dépêche de Tunisie » et « auquel revient une bonne part du succès de la fête » raconte l’article de l’Afrique du Nord illustrée. Ce carnaval de 1908 était donc parrainé par la « Dépêche ». De nos jours on dit sponsorisé. « Le défilé des chars a été magnifique, au son des airs entraînants joués par l'excellente musique de l'artillerie de Bizerte. Une extraordinaire animation a régné pendant cette fête; l'air était sillonné de serpentins et la pluie multicolore des confetti tombait sans arrêt. Les personnages officiels donnaient le signal de la bataille et y participaient avec une belle ardeur. L'amiral Baëhme, principal point de mire des combattants, rendait coup pour coup à ses aimables adversaires. La cavalcade de Ferryville laissera dans l'esprit du public le souvenir d'une journée charmante. Chacun se plait à reconnaître la grande courtoisie du Comité et, en particulier, l'urbanité exquise de M. Rondeau, vice-président de la Municipalité de Ferryville; de M. Ottavv, délégué à la Chambre de Commerce, qui ont réservé à leurs invités un accueil des plus cordiaux » (cf. Gallica.Bnf. L’Afrique du Nord Illustrée du 18 avril 1908)[1].

Depuis lors le carnaval devint une tradition des ferryvillois et se répéta d’année en année. Mais bien sûr c’était les kermesses qui faisaient surtout la joie des jeunes. Je crois bien me souvenir que même après l’indépendance Ferryville devenu alors Menzel Bourguiba avait néanmoins organisé un carnaval et avait gardé quelque peu cette idée festive. Mais avec le temps les choses ont changé. Bien sûr il y a eu les expériences des « festivals » mais cela ne semble pas avoir marqué les gens. Dommage ! Car une ville qui perd sa mémoire (Menzel est un véritable bijou d’architecture et d’urbanisme qui demande à être restauré et entretenu) et qui n’a plus de moments festifs pour exprimer son « vivre ensemble » perd, malheureusement, un de son âme.

 

Mohsen Dridi



[1] Et, au passage, c’est en visionnant l’une des photos de l’article en question que j’ai découvert qu’il existait un bar portant le nom de « Bar de la Marine » et qui occupait le bâtiment qui deviendra bien plus tard la pharmacie Rochegude à l’angle de l’avenue et de la rue des arabes. A croire que les cafés et surtout les bars faisaient partie de l’identité de Ferryville.

 

afn

cf. Gallica.Bnf. L’Afrique du Nord Illustrée du 18 avril 1908

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Garder vive la mémoire d'une ville (Menzel Bourguiba ex-Ferryville) et de ses habitants