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07 Nov

Retour sur la « grande » et la « petite » Sicile

Publié par menzelbourguiba-ex-ferryville.over-blog.fr  - Catégories :  #Mémoire, mémoires

grande-sicile1Voici un texte écrit en 1902 par le Dr Dufour, en tant que médecin principal de la marine, à qui avait été confié la construction de l’hôpital maritime de Ferryville. Il y décrit, entre autre, la situation de la grande et la petite Sicile à propos desquelles un précédent texte avait été rédigé sur ce blog (ici). Ce médecin met évidemment l’accent sur les conditions déplorables de vie et d’hygiène des deux quartiers ferryvillois. D’ailleurs il décrit, dans d’autres textes, des situations tout aussi déplorables concernant de nombreux quartiers de la ville. Une critique surtout adressée, semble-t-il, à la Société immobilière nord-africaine, entreprise privée, qui avait construit et gérait les habitations de la ville.  Il ne faut pas oublier en effet que nous sommes en 1902 et que Ferryville n’a alors que quelques milliers d’habitants et que rien n’avait alors été prévu en terme d’égouts, de sanitaires, d’alimentation en eau, de ramassage des ordures …, une situation loin de l’image idyllique que l’on se faisait de la vie à Ferryville à cette époque.

 

M.D.

 

 

« La Grande Sicile est formée de deux corps de logis parallèles séparés par une cour intérieure ; chaque bâtiment comprend 21 logements composés chacun de deux pièces de 3 m sur 4 m, séparées par une mince cloison de briques ; il n’y a pas de fenêtre ; chaque pièce s’ouvre par une porte sur la rue ou sur la cour intérieure, et cette ouverture assure seule l’entrée de l’air et de la lumière ; devant chaque logis s’étend une petite cour où, pendant l’été, les locataires font la cuisine, lavent et sèchent leur linge ; l’impression que ressent le visiteur en parcourant cette cité est désolante ; là grouille une population misérable de plus de 500 individus ; hommes, femmes et enfants s’entassent au nombre de 12 à 15 dans les pièces encombrées par un matériel de couchage rudimentaire et malpropre. Les latrines communes sont installées dans des couloirs, au milieu de chaque bâtiment. L’eau n’y coule jamais ; elles sont dans un tel état de saleté que l’accès en paraît impraticable aux habitants de la cité, pourtant bien peu exigeants en matière d’hygiène et de propreté ; aussi c’est souvent dans les couloirs que sont déposés les immondices.

 

La Petite Sicile, située plus près du centre de la ville, est bâtie dans des conditions plus défavorables encore ; les corps de logis, au nombre de six, resserrés dans une petite cour entourée d’un mur élevé, sont habités par 400 personnes entassées dans des logements étroits d’une saleté repoussante, foyers tout préparés pour l’éclosion des maladies contagieuses ».

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Garder vive la mémoire d'une ville (Menzel Bourguiba ex-Ferryville) et de ses habitants