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31 Aug

Le marché, l’un des plus anciens bâtiments de Ferryville

Publié par menzelbourguiba-ex-ferryville.over-blog.fr  - Catégories :  #Mémoire, mémoires

 marche-2.jpg« Jadis le marché se tenait en plein air, au carrefour des rues. On vient de terminer une halle située dans la partie centrale de la ville ; le bâtiment, construit dans le style mauresque, représente une longue galerie étroite, peu élevée, percée, du côté Nord, de fenêtres, ou plutôt de lucarnes étroites, et ouvrant, du côté Sud, sur une véranda qui le protège fort mal contre les rayons solaires.

Ce type de construction est, en somme, fort mal approprié à sa destination » C’est ce qu’écrivait G. Dufour dans un rapport de 1905. Construit par la fameuse Société immobilière nord-africaine (*) le marché de Ferryville est l’un des tous premiers services à être construit avec l’église, la poste, l’école, la commission municipale (1904).

 

La première tranche du marché fut construite vers 1904-1905. Elle comprenait alors surtout la façade qui donne sur la place du marché (le kiosque) constituée d’un couloir avec quelques étals. L’espace du marché était cependant, comme le montre certaines cartes postales, délimité par un mur d’enceinte au milieu duquel avait été construit une bâtisse couverte qui servait sans doute au commerce des bovins, ovins …

 

Aussi l’un des objectifs des autorités locales fut d’établir un contrôle sanitaire et l’hygiène des aliments et denrées en interdisant surtout l’achat et la vente de produits sur la voie publique (décret de la C.M. du 11 mai 1906). Evidemment cela servait du même coup à taxer les ventes dans l’enceinte du marché.

 

radE8AE4Il faut savoir que cette question de l’hygiène et de la santé à Ferryville s’est posée très tôt  et de manière urgente et pas seulement concernant le marché. Plus la population augmentait avec la venue de nouveaux et nombreux travailleurs pour les chantiers de l’arsenal et de Ferryville et plus urgente et dramatique se posait la question de l’hygiène. « La Marine a intérêt à suivre de près le développement de ce centre, qui est né en même temps que l’arsenal, et qui grandit en même temps que lui ; en sa qualité de voisin immédiat, elle ne peut rester indifférente à la solution des problèmes d’hygiène que la jeune cité voit déjà se poser. « Les créateurs de métropole, dit Arnould, ne se soucient guère de l’hygiène » Aussi ceux qui ont choisi l’emplacement de Ferryville n’ont-ils eu d’autre préoccupation que de se rapprocher le plus près possible des établissements maritimes. La ville se construit à l’Ouest des terrains de l’arsenal, tassée dans une encoignure formée par les limites de ces terrains, qui lui interdisent toute communication avec le lac ; de ce côté, le mur d’enceinte lui fermera même complètement l’horizon. (…) Les rues ne sont qu’esquissées sur le sol ; aucun travail de voierie n’est fait pour les rendre praticables ; seule la grande route qui conduit de l’arsenal à Bizerte, en traversant la ville, est entretenue de façon convenable par l’Administration des travaux publics. Il n’y a pas de trottoirs au seuil des maisons ; les ruisseaux ne sont que des dépressions irrégulières du sol où croupissent les eaux sales ». (cf. G. Dufour).

Ce sont les cultivateurs et les éleveurs des environs, pour la plupart italiens et français, qui approvisionnaient le marché en produits.

 

Plus tard (quand ?) le marché a connu une extension et de nouveaux bâtiments furent construit à l’intérieur de l’enceinte, avec notamment la construction au centre d’un marché couvert pour abriter les étals de viande, de volailles et de poissons.

 

marche-3.jpgC'était en 1905 donc voilà plus de 105 ans que le marche de Ferryville existe. Un petit bijou d’architecture. Il est vrai qu’avec le boom démographique il apparaît aujourd’hui trop exigu. Un second marché, dans le quartier de la briquetterie, existe depuis longtemps. Il a été reconstruit. De plus avec l’augmentation de la population la ville s’est peu à peu décentrée à l’ouest vers Tinja et au sud. Le marché de la briquetterie a petit à petit supplanté celui du centre ville. Pire ce dernier s’est vidé de l’essentiel de ses marchands. Heureusement quelques menzéliens - marchands ou simplement clients - résistent et permettent ainsi au marché du centre ville de garder une certaine activité.

 

Mais aujourd’hui, comme un retour de bâton voici que tous les problèmes, à l’origine de la construction du marché en 1905, reviennent comme par effet boomerang. La municipalité a de plus en plus de mal à contrôler la masse des vendeurs qui s’installent où bon leur semble dans ce nouveau marché de la briquetterie et, qui plus est, la gestion comme la circulation devient un véritable casse-tête. On sait qu’avant la révolution la corruption, les passes-droits en tous genres … étaient la règle. La nouvelle équipe transitoire tente de faire appliquer la loi mais sans grand succès pour l’instant car ceux qui doivent la faire appliquer, la police comme la plupart des services de l’état et de l’administration, font pour l’heure défaut.

 

Dommage car le marché du centre ville a les atouts pour redevenir un véritable espace de vie et d’animation. Redevenir LE marché quoi !

 

Mohsen Dridi

 

 

 

 

 

 

 

 

(*) La Société immobilière nord-africaine

Cette Société a été créée au mois de mai 1899, par un certain Alfred Pépin, négociant, avec le concours de quelques capitalistes de la région lyonnaise. « Le but de la Société était alors la création d'immeubles en Algérie et en Tunisie, et particulièrement près du nouvel arsenal de Sidi-Abdallah où se crée une ville à laquelle l'Administration tunisienne a donné le nom de Ferry ville ». A la mort de Joseph Decoret, en août 1899, ses héritiers vendirent les terrains de Ferryville et annexes, à la Société immobilière Nord-Africaine. « Le but primitif de la Société immobilière a dû se modifier à la suite de cette importante acquisition. La Société, tout en conservant ses anciens immeubles, s'occupera surtout de la vente de ses terrains et des divers travaux nécessités par la création d'une ville, tels que viabilité des rues, plantations d'arbres, construction du marché, de l'église, des égouts, étude d'une concession d'eaux, etc. Elle aidera, par ses relations, à la création d'autres sociétés désireuses de construire des immeubles à Ferryville ».

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S
I am so excited to find this info regarding one of the oldest buildings of all time. Such things used to make everyone wonder thinking about the talent of architects and designers of those times! Thanks for the share!
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Garder vive la mémoire d'une ville (Menzel Bourguiba ex-Ferryville) et de ses habitants