02 Nov

La Dépêche tunisienne ( le 18 décembre 1899) : Drame à la « Petite Sicile »

Publié par menzelbourguiba-ex-ferryville.over-blog.fr - Catégories : #Mémoire, mémoires

"La Dépêche tunisienne" : Une discussion a eu lieu le dimanche 10 décembre à 6 heures du soir, à Ferryville, entre les nommés Galimi Gaëtano, journalier italien, et Fontana Pietro-Giuseppe, cordonnier italien, tous deux domiciliés dans ce village. Le premier se plaignait de ce, que le second avait, en passant devant chez lui, heurté du pied une cage à poules et, ce faisant, avait fait sauver des volailles lui appartenant. La dispute s'envenima bientôt et comme c'était jour de paie et que, de part et d'autre, l'on avait fêté la dive bouteille, des paroles on en vint aux menaces d'abord, puis aux coups. Tout à coup, Fontana rentra chercher un tranchet et, ce que voyant, Domenico, le frère de Gaëtano, s'arma d'une hache et étant entré dans la chambre de Fontana, il lui en asséna un coup sur le sommet de la tête. Le malheureux, surpris, tomba inanimé sur le sol, dans une mare de sang, pendant que, dehors, plusieurs individus, attirés par le bruit de la scène, retenaient Gaëtano, qui voulait, lui aussi, frapper Fontana.

Le meurtrier, le coup fait, réussit à prendre la fuite avec son frère et, malgré toutes les recherches, on n'a pas pu encore les découvrir. Prévenu dans la nuit, M. le juge de paix s'est transporté hier à Ferryville pour procéder aux

constatations légales. La victime baignait dans une mare de sang, dans sa chambre; elle était atteinte d'une blessure au niveau des circonvolutions cervicales présentant une ouverture béante de douze centimètres de largeur et laissant le cerveau faire hernie. Cette blessure avait occasionné une aphasie complète et une

paralysie de la face et du côté droits. La victime avait toute sa connaissance et a répondu par signes au magistrat instructeur. Elle a pu désigner les inculpés et celui qui l'a frappé. Le médecin requis aux fins légales a déclaré que

son état était désespéré et, à l'heure qu'il est Fontana a dû succomber, à l'hôpital de Tunis, où il a dû être transporté aujourd'hui.

Il est probable que le fait a du se passer devant un public nombreux; mais, comme toujours, personne n'a rien vu, ni rien entendu, dans ce quartier populeux que l'on appelle la Petite-Sicile. Les inculpés avaient été arrêtés lors de la rixe des Marocains de Ferryville et avaient été relâchés faute de preuves, et, chose curieuse, c'est que ces faits se sont passés à peu de distance du poste de police de Ferryville, dont le personnel n'est arrivé qu'après que le meurtrier et son complice, ayant fait leurs malles, avaient pris tranquillement le train se dirigeant sur Bizerte, ainsi qu'on le suppose, parce que, jusqu'à cette heure, on n'a pu même suivre leurs traces

documents : Gallica.bfn