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20 Oct

"Humeurs" Octobre 2017 - 1

Publié par menzelbourguiba-ex-ferryville.over-blog.fr  - Catégories :  #"Humeurs", #Chroniques sociales et politiques, #immigration

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D'une Rive ...

17 octobre

« Le 17 octobre 1961, des dizaines de milliers d’Algériens manifestaient pacifiquement à Paris contre le couvre-feu discriminatoire qui leur avait été imposé par Maurice Papon. (…). Des milliers parmi eux « furent arrêtés, emprisonnés, torturés … ou refoulés en Algérie. Des centaines perdirent la vie, victimes d’une violence et d’une brutalité extrêmes des forces de police ». 56 ans après et malgré quelques avancées, l’Etat français ne veut toujours pas reconnaître qu’en ce 17 octobre 1961 il y a eu un crime d’Etat. Certes il y a eu des gestes importants notamment de la part de la mairie de Paris qui a apposée en 2001 une plaque commémorative sur le pont St-Michel, il y a eu également des initiatives dans le même sens dans certaines communes de la région parisienne… mais de l’Etat français, rien ! On préfère entretenir l’amnésie. « Ce jour-là » rapporte l’historien Olivier Le Cour Grandmaison « des manifestants ont été tués par balles, d’autres froidement assassinés dans la cour même de la préfecture de police de Paris, certains jetés vivants dans la Seine ou encore frappés à mort après leur arrestation et leur transfert au palais des Sports, au parc des Expositions et au stade Coubertin devenus, pour l’occasion, autant de lieux de détention ». Ce massacre comme d’autres en lien avec la colonisation marque encore la mémoire collective des maghrébins et surtout des algériens en France. Heureusement des historiens mais aussi des journalistes, des cinéastes … ont permis de reconstituer une partie de la vérité et grâce à eux a commencé un sérieux travail de mémoire et d’écriture de l’histoire, un travail qui n’est toujours pas terminé tant que toutes les archives n’ont pas été ouvertes. Mais à tout cela il manque encore un geste fort et symbolique au plus haut niveau de l’Etat – pour la justice certes mais aussi pour la mémoire collective de la France qui en a grandement besoin par les temps qui courent – à savoir la reconnaissance et la condamnation de ce crime d’Etat. Et c’est ce que réclament une nouvelle fois les associations et mouvements qui appellent au rassemblement en ce 56ème anniversaire du 17 octobre 1961.

 

... à l'autre

Harka

Externalisation, hot spots … voilà des mots qui auront du mal à couvrir la réalité des drames qui se déroulent quotidiennement en Méditerranée. 8 morts et des dizaines de disparus, tous tunisiens (une quarantaine selon l’OIM), au large de Kerkennah en Tunisie. Des drames qui sont la conséquence directe de la fermeture de cette Europe barbelée qui ne cesse de se barricader fermeture qui profite d’abord et avant tout aux réseaux mafieux de passeurs. Est-il besoin également de rappeler ici que si ces harragas risquent ainsi leurs vies c’est peut-être aussi qu’ils ont perdu tout espoir de construire un avenir digne dans leur pays. Mais on ne peut pas passer sous silence le zèle mis par les autorités des pays du sud de la méditerranée à faire le « travail » de garde-frontières de cette Europe barbelée. Chacun connait par exemple les buts de l’opération « Sophia » lancée en 2015 par 24 pays de l’UE qui entend « s'attaquer aux passeurs de migrants en Méditerranée » et à laquelle la Tunisie contribue. 8 morts et des dizaines de disparus. Lourdes responsabilités que devra déterminer l’enquête sans complaisances ou concessions. Seule la vérité compte et seule une enquête impartiale peut le démontrer. Pour l’heure c’est aux victimes, aux morts et disparus, et à leurs familles qu’il faut penser et à qui il faut exprimer toute la solidarité. Mais il est à craindre que nous ne soyons, malheureusement, qu’au tout début d’un processus qui risque de se transformer en cauchemar car la Tunisie est belle et bien devenue l’un des pays de transit favoris pour la harka vers l’Europe. Et les tunisiens ne sont pas en reste et la situation est plus qu’inquiétante venant ainsi nous rappeler la triste période des harragas de 2011-12. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) 1400 tunisiens auraient ainsi rejoint clandestinement les côtes italiennes pour le seul mois de septembre 2017

 

Parachutage !

Les tunisien(ne)s en Allemagne vont être appelés à revoter les 15, 16 et 17 décembre 2017 pour élire et remplacer l’un des députés à l’ARP nommé récemment au gouvernement. Les inscriptions sur les listes électorales devraient se dérouler jusqu'au 15 octobre. Et comme on pouvait s’y attendre cela a aiguisé les appétits de certains et, de ce fait, les parachutages vont bon train. Et les marchandages au sein de la coalition au pouvoir sont plus qu’évidents. Et dans ce jeu malsain on oublie l’essentiel : ce sont avant tout les aspirations, les attentes et les intérêts des tunisien(ne)s résidents en Allemagne qui doivent être portés par les candidats. Voilà pourquoi il faudra faire preuve de vigilance pour ne pas laisser les calculs partisans prendre le dessus. Cela dépendra avant tout de la mobilisation des électeurs et de la dynamique des associations de tunisien(ne)s en Allemagne.

 

« Bonnes mœurs ? »

4 et 3 mois de prison ferme voilà le verdict prononcé par un tribunal à l’encontre de deux personnes (un franco-marocain et une tunisienne) qui s’embrassaient dans une voiture. Alors simple affaire de mœurs ? Il est certes vrai qu’une partie de la société tunisienne demeure conservatrice et traditionaliste sur le plan des mœurs. Mais serait-elle plus conservatrice que celle des années 50 laquelle, faut-il le rappeler, n’a pas refusé les avancées et les mesures entreprises après l’indépendance. En réalité et il faut le dire c’est davantage le conservatisme d’une grande partie de la classe politique de tous bords qui constitue le véritable handicap. Et la police comme la magistrature n’échappent pas à ce constat. Car au fond et au-delà de la question des mœurs n’est-ce pas davantage le fait que les accusés ont « osé » réclamer leurs droits face à des policiers qui est la véritable raison de leur mise en accusation ? Des policiers qui continuent à croire qu’ils sont au dessus des lois ! Et des méthodes brutales qui bafouent les droits des citoyens (et surtout des citoyennes) et dont l’institution policière a du mal à se débarrasser. Cette affaire nous révèle une fois de plus la contradiction flagrante entre d’une part les droits et libertés individuels inscrits dans la constitution et, de l’autre, non seulement des lois obsolètes mais aussi des pratiques policières inadmissibles, humiliantes et incompatibles avec la nouvelle Tunisie. Contradiction qu’il faudra bien un jour ou l’autre régler et le plus tôt sera le mieux ! 
 
Mohsen Dridi
 

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Garder vive la mémoire d'une ville (Menzel Bourguiba ex-Ferryville) et de ses habitants