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07 Nov

Retour sur l’Ecole maternelle de Ferryville (1929 – 1932)

Publié par menzelbourguiba-ex-ferryville.over-blog.fr  - Catégories :  #Mémoire, mémoires

Retour sur l’Ecole maternelle de Ferryville (1929 – 1932)

 

En France c’est avec la révolution de1848 que « le terme d’ "école maternelle" est employé pour la première fois et remplace ce que l’on appelait des "salles d’asile". Depuis 1830, ces dernières avaient pour fonction d’accueillir les jeunes enfants du peuple, qui restaient dans la rue pendant que leurs parents travaillaient. (…). Il faudra toutefois attendre les lois de Jules Ferry, en 1881, pour que les écoles maternelles soient véritablement instituées ».(ici)

 

Pour mémoire, à Ferryville l’école laïque pour garçons fut construite dès 1899. Mais dès 1902 en raison de l'accroissement de la population européenne à Ferryville la Sté Nord africaine (qui racheta les terrains et les constructions de Ferryville après la mort de Joseph Décoret) va construire une école de filles qui comprenait alors de deux classes. De même, une nouvelle classe a été ouverte à l'école de garçons. En 1900 il y avait 62 élèves dont une majorité d’italiens à l’école laïque de garçons. Jusqu’en 1905 il y avait des classes payantes et d’autres gratuites mais l’année suivante l’enseignement dans l’école laïque était devenu entièrement gratuit.

 

Bien sûr il y avait également les établissements d’enseignement catholique et notamment les religieux marianistes qui y fondèrent plusieurs écoles dès leur installation en Tunisie en 1883[1]. Mais on sait qu’il y a eu une forte opposition de la part des laïcs et de l’Etat pour refuser les écoles religieuses. L’Opposition sur l’ouverture d'écoles libres à Tunis, Bizerte, Ferryville, Sousse, Sfax et la Marsa a été mise par le contrôle civil de Tunis. En 1903, les Marianistes durent fermer leurs écoles, sauf celle de Tunis. Mais pour contourner l’interdiction Les Frères de la Sainte-Famille, à Ferryville, ont fait leur déclaration de sécularisation c’est-à-dire de s’intégrer dans le système d’enseignement général.

 

Quant à l’école maternelle elle-même (rue Imam Sahnoun ex rue Jules Verne), elle fut inaugurée le 5 juin 1932 par le résident général M. Manceron, (en même temps d’ailleurs que le stade municipal et le dispensaire). C’est la Direction de l'Enseignement qui décida la construction de l’école maternelle et inscrite dans le Programme des travaux publics tunisiens en 1929 qui y consacra un montant de 950.000 Fr. Les travaux ont duré environ 3 ans. C’est un architecte d’origine maltaise, Joseph Georges Ellul[2], qui en fut le maître d’œuvre (voir les plans) et la construction réalisée par l’entreprise Serra. « M. Ellul n'a pas donné à ce bâtiment un aspect sévère dénué de recherches, qu'on retrouve dans certaines écoles de Tunisie. Il a voulu donner à cette école destinée aux tout petits, une ambiance accueillante et non leur faire sentir l'emprise d'un séjour forcé, mais une invitation dans un cadre où tous les éléments : classes, préau, cour, etc... soient autant de lieux séduisants aux études préliminaires et aux récréations de l'enfant. Dès le seuil d'entrée cette réalisation est satisfaite. Le projet se compose : 1° D'un bâtiment central comprenant : bureau de la directrice, salle d'attente, réfectoire, office, infirmerie, vestiaire et dépendances. A l'étage : appartements et logement du personnel enseignant. 2" De deux ailes comprenant les classes avec respectivement leur vestiaire, lavabos, w.-c., bains et douches. Un préau circulaire réunit tous les bâtiments. M. Ellul a réalisé là une œuvre des plus intéressantes qui constitue un élément nouveau de succès pour son cabinet d'architecte » (cf. Gallica. Les Chantiers nord-africains 1932-07)

 

Dans les années 1980 l’école maternelle a été transformée en groupe scolaire d’enseignement élémentaire et collège.

 

Mohsen Dridi

 

Voir également le site : http://ferryville-menzel-bourguiba.com/ecoletudlac/ferryecoles/EMrJV/emrjv01.html

 

[1]              Pour l’anecdote « Une congrégation enseignante religieuse (celle des frères de la sainte famille de Bellay) pour échapper à la loi sur les associations en France et éviter la confiscation de leurs biens par l’Etat, s’installent en Tunisie. La congrégation acheta en 1902 à la Sté Immobilière nord-africaine une exploitation agricole non loin de Mateur ainsi qu’un lotissement à Ferryville pour y construire une école. En 1914 ces propriétés furent mises sous séquestre par l’Etat. En 1921 Noel Ottavy dont la famille avait une entreprise de travaux publics à Ferryville racheta toutes les propriétés à Mateur. Quant à l’école des Frères Bellay à Ferryville (actuelle école des sœurs) elle fut d’abord louée en appartements puis vendue en 1949 aux religieuses du Saint-Cœur de Marie ».(cf Gallica : Le grand exil des congrégations religieuses françaises, 1901-1914)

 

[2]              « Joseph Georges Ellul : Né à Tunis en 1890, Joseph Georges Ellul était le petit fils d’un immigré maltais arrivé en Tunisie vers 1850. Sa situation familiale s’étant améliorée, Joseph a pu faire ses études à Paris dans différentes académies : à l’Ecole Nationale des Arts décoratifs et aux ateliers de l’Ecole Nationale des Beaux-Arts où il était l’élève du maître Léon Jaussely, un urbaniste connu à l’époque. J. Ellul a été primé pour des bâtiments civils d’urbanisme à Paris, Lyon, Bordeaux, Lille, Philadelphie et Tunis. En 1917, il dirigea la construction du camp d’aviation à Orly. En 1922, il fut nommé architecte adjoint pour la section tunisienne de l’Exposition Coloniale de Marseille. Après la Première Guerre Mondiale, il dessina le monument aux morts du lycée Carnot à Tunis. Il fut, par la suite, l’architecte de la direction générale de l’intérieur pour la construction de l’hôpital psychiatrique de la Manouba et l’école maternelle de Ferryville. Il est également l’auteur de plusieurs hôtels particuliers, villas, immeubles et bâtiments industriels. Il était aussi un des architectes experts auprés des Tribunaux de Tunis. Il devient alors l’un des architectes les plus sollicités d’Afrique du Nord. Malheureusement, aucun des ses projets ne se trouve dans les numéros dédiés à la Tunisie dans la revue l’Architecture d’Aujourd’hui. Son œuvre la plus importante reste la villa Boublil à Tunis située au 18 de la rue d’Autriche - achevée entre 1931 et 1932 dans le style Art-déco. Un édifice où l’ordre et l’harmonie se conjuguent avec des lignes claires et légères. Il meurt à Tunis en 1952 »..(ici)

 

 

 

 

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