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17 Nov

Humeurs : Novembre 2016 (I)

Publié par menzelbourguiba-ex-ferryville.over-blog.fr  - Catégories :  #"Humeurs", #Chroniques sociales et politiques, #immigration

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Immigration : Faciès 

Une décision historique de la cour de cassation ! « La Cour de cassation a confirmé la condamnation de l’Etat pour contrôles au faciès. Dorénavant les victimes de ces contrôles disposent d’un recours susceptible d’être exercé pour les contester ». Cette décision vient à point nommé pour nous rappeler que dans un Etat de droit, l’autorité publique, y compris la police, n’est pas au dessus de la loi et demeure un justiciable comme les autres. Cela on le savait car c’est un principe de droit et donc une … évidence, mais encore fallait-il le démontrer dans la pratique surtout concernant les populations issues des quartiers populaires et de l’immigration. Cette décision historique de la cour de cassation est l’aboutissement d’une longue procédure judiciaire engagée depuis quatre années maintenant par quelques personnes contre l’État qui ont été victimes des contrôles d’identité discriminatoires. « Dorénavant les victimes de ces contrôles disposent d’un recours susceptible d’être exercé pour les contester » et « L’État, seule partie en capacité d’apporter des éléments de preuves légitimant le contrôle, doit dès lors prouver que celui-ci a bien été fondé sur des critères objectifs et individualisés plutôt que sur des éléments tels que la couleur de peau des individus, l’origine ethnique ou nationale présumée, le lieu de résidence, etc. ». La prochaine étape sera maintenant de veiller à l'application effective de cette décision de justice qui fait jurisprudence. C’est ce que n’ont pas manqué de rappeler les divers comités et collectifs qui interviennent pour que cessent les contrôles aux faciès. La pétition lancé par « Quoi ma gueule ? » ou les initiatives du collectif « Stop le contrôle au faciès » ont largement contribué à cette victoire du droit et de la justice. Encore faut-il que les politiques et les députés et sénateurs prennent en compte les propositions et recommandations faites dès 2012 par les associations pour placer les garde-fous indispensables pour justement empêcher les dérives de l’administration et surtout que les actions policières soient enfin menées dans le respect des principes de non discrimination.

 

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Populisme.

L’élection de D. Trump en a choqué plus d’un d’autant que personne, ni les sondeurs ni les médias … n’ont vu venir le phénomène. D. Trump a été élu par les grands électeurs et largement (même si en voix c’est, paraît-il, la candidate démocrate qui l’emporte). Alors, cette élection de Trump un virage dangereux ? Certainement et la campagne électorale l’a amplement démontré et, quel que fut le résultat, le mal est fait ! Mais là où il y a lieu de s’inquiéter davantage c’est que D. Trump n’est que la partie visible de l’iceberg, le symptôme d’autre chose autrement plus inquiétant, qui nous renseigne et nous (re)dévoile le visage hideux d’une certaine Amérique qui se revendique « mâle, blanche, chré-tienne »… etc. Et qui trouve, comme cela va de soi, de fervents partisans en Europe et en France en particulier. Et ce n’est pas un hasard que Marine Le Pen, le FN, les identitaires (et d’autres encore) ont très tôt applaudi la victoire de D.Trump puisqu’ils partagent la même vision. Tous les populismes, par-tagent cette même prétention - quel que soit l’idéologie, le pays ou l’époque – d’être les représentants et les porte-paroles du seul « vrai peuple ». Alors, phénomène conjoncturel purement états-uniens ou bien lame de fond annonciatrice de bouleversements importants à l’échelle du monde ?

 

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Tunisie : Social 

Les questions économiques et sociales sont, depuis un certain temps déjà et de plus en plus en cette fin d’année, au centre des débats et des polémiques en Tunisie. En témoigne les âpres discussions au sein de l’ARP sur le projet de loi de finances 2017, les polémiques, teintées de corporatisme, au sujet de l’égalité devant l’impôt, les atermoiements dans l’indispensable lutte contre l’évasion fiscale et le commerce parallèle, l’acharnement des deux forces majoritaires (Nida et Ennahda) à refuser la levée du secret bancaire, le projet de « réconciliation économique » toujours à l’affût, les préparatifs de la Conférence Internationale d’appui au développement économique, social et durable de la Tunisie qui aura lieu fin novembre, le déplacement récent du chef du gouvernement en France... Des débats et polémiques qui en disent long sur les enjeux tout autant économiques que sociaux. Et si les enjeux sont, entres autres, où trouver les fonds indispensables pour relancer la machine économique, la question qui vient inévitablement est : qui va en supporter le coût ? Toujours la même question de la répartition équitable quelle que soit, par ailleurs, la situation économique, croissance ou récession. Et l’on comprend dès lors les interrogations des catégories populaires défavorisées et même des salariés ou des retraités qui craignent de devoir supporter le poids de l’austérité qui s’annonce. Il faut espérer que l’évaluation de transparence des finances publiques effectuée par les services du FMI, à la demande des autorités (?) ne se transforme, à terme, en opération de démantèlement des entreprises publiques et plus généralement du service public déjà mal en point. Sans oublier que l’endettement extérieur déjà insupportable risque de s’aggraver. Il ne faut pas dès lors s’étonner que la question sociale s’invite au débat et que l’aspiration à la justice sociale demeure au cœur des mobilisations. Faut-il rappeler que avec la révolution relance économique, justice fiscale et justice sociale sont indissociables !

 

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Suicide

La question des suicides en Tunisie et leur progression au cours de ces dernières années est un phénomène inquiétant. 365 suicides en 2015 soit un suicide par jour. Certes avec un taux de 3,27 suicides pour 100.000 habitants la Tunisie semble loin du taux mondial qui lui se situe à 11,4 / 100 000. 3.27 suicides en 2015 en Tunisie alors qu’ils n’étaient que 2,5 en 2010 et ce qui inquiète c’est surtout les taux relativement élevés des tranches d’âge jeunes adultes : 4,43 pour les 24 – 39 ans mais 5,32 pour les 20 – 24 ans. Un phénomène à la fois jeune et masculin. Une question qui mérite toute l’attention des pouvoirs publics comme d’ailleurs toutes les questions sociétales (la violence contre les femmes, le racisme, l’homophobie, l’univers carcéral, les droits de l’enfant …) questions hautement symboliques mais surtout révélatrices de l’état de la société.

Mohsen Dridi

Le 15 novembre 2016 

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